SOMMEIL ET OBJETS CONNECTÉS

Pour le meilleur et pour le pire ?

La mode des objets connectés ne se dément pas. Initialement cantonnés à des fonctions basiques
(mesure du nombre de pas notamment) visant un public sport/santé, leurs fonctions sont dorénavant bien
plus vastes, mesurant avec de plus en plus de précisions différents paramètres : la fréquence cardiaque, la distance parcourue, la dépense énergétique et même la saturation sanguine en oxygène.

Ces dernières années, les fabricants rivalisent d’ingéniosité ( et d’efforts marketing ? ) pour proposer des fonctions toujours plus avancées.

Le sommeil occupe en moyenne un tiers de notre vie ( avec des variations interindividuelles plus ou moins marquées ). Il ne pouvait donc échapper à la mode visant à objectiver ses différentes composantes :
durée, qualité, impact sur la qualité de vie

Comment mesurer le sommeil ?

Différentes marques se sont positionnées sur ce marché rentable et porteur. Dans ce domaine, ce sont les bracelets capteur d’activité, qui, équipés d’un accéléromètre et couplés à un ou plusieurs capteurs de fréquence cardiaque, permettent de différencier et d’estimer les différentes phases de sommeil (éveil, sommeil léger, sommeil profond, sommeil paradoxal). Ces dispositifs ont l’avantage d’être très bon marché. L’ inconvénient, outre la taille généralement imposante de ces bracelets, est le manque de précision des données. Ces objets sont accessibles à partir de quelques dizaines d’euros.

Le segment au-dessus en terme d’offre d’objet connecté est le prolongement technologique de ces bracelets connectés : il s’agit des montres développées par des marques célèbres (Apple, Samsung, Fitbit…), qui bardent ces nouveaux objets high-tech de capteurs de plus en plus petits et de plus en plus précis.

Des fonctions additionnelles sont proposées (saturation en oxygène, ECG) et permettent d’améliorer le suivi de la santé et du sommeil, par le développement d’algorithmes internes de plus en plus sophistiqués. Ces montres, de plus en plus performantes, deviennent des objets de mode à fonction de suivi de santé et d’amélioration du sommeil. Leur prix est à l’avenant. Comptez plusieurs centaines d’euros pour les modèles les plus récents et les plus performants.

La start-up française Withings propose nombre d’objets dédiés à la santé. Et parmi ceux dont la fonction première est l’étude du sommeil, un modèle se distingue : un petit tapis à glisser sous le matelas, qui analyse et évalue, via des capteurs audio notamment, les ronflements, et les phases d’apnées pendant le sommeil. En résultat, le client voit sur l’appli dédiée l’évaluation de son Indice Apnées Hypopnées (IAH). Ce même indice est utilisé en médecine du sommeil pour évaluer la sévérité des troubles apnéiques.

Les derniers arrivés sur ce marché des objets connectés permettant d’évaluer le sommeil sont …les bagues. Oui, les bagues. Ces petits bijoux sont remplis de tout petit capteurs qui mesurent une multitude de paramètres (mouvements, température, fréquence cardiaque, saturation en oxygène…) et évaluent avec une précision intéressante la qualité du sommeil. De nombreuses variables intéressantes sont intégrées, notamment la variabilité de la fréquence cardiaque, marqueur pertinent pour la santé cardio-vasculaire notamment. La marque finlandaise Oura est pionnière dans ce domaine, mais de nouveaux concurrents intègrent le marché, comme le français Circular. Pour ajouter une touche de style à un objet permettant le suivi du sommeil (et de la santé en général), comptez là-aussi plusieurs centaines d’euros.

Ces objets et applications ne remplacent pas un conseil médical.
Chaque personne est unique, et son sommeil l’est aussi.

Ce marché de la santé et du sommeil est donc en plein essor, et bien malin est celui qui peut prédire les futures évolutions de ce deniers, tant l’imagination et le talent des fabricants rivalisent pour développer des objets toujours plus petits, toujours plus précis, toujours plus sexy, pour évaluer nos nuits.

Cependant, il faut garder à l ’esprit différents éléments. Tout d’abord, bien qu’extrêmement riches en informations, ces objets et applications ne remplacent pas un conseil médical. Chaque personne est unique, et son sommeil l’est aussi. Les pathologies liées au sommeil son nombreuses et variées, et un objet connecté, aussi ludique et précis soit-il, doit être une aide et non un diagnostic.
La question de notre rapport à ces objets connectés va au-delà, et si leur utilisation est intructive, attention à ne pas tomber dans l’orthorexie ou l’excès de recherche de santé outrepasse son but, et fait plus de mal que de bien, notamment au niveau psychologique.

Enfin, si ces objets progressent en terme de capteurs et d’algorithmes d’analyse, ils ne remplacent pas une analyse poussée, réalisée dans un cadre médical. Les examens de référence restent la polygraphie ventilatoire (permettant de détecter les troubles respiratoires), et la polysomnographie (permettant en plus d’étudier les aspects neurologiques et cardiaques pendant la nuit). La nuit est analysée par tranche de 30 secondes par un œil humain expert, et permet de détecter avec précision les micro-éveils, et les différents stades de sommeil (N1, N2, N3 et sommeil paradoxal).

Pour être en bonne santé et avoir un bon sommeil, ces objets sont donc potentiellement d’une aide précieuse…à condition de les voir et de les utiliser pour ce qu’ils sont : une aide !

A vos marques, prêts ? Dormez !

Marc CREPIN